Dans le paysage agricole de la Côte d’Ivoire, les plantations d’hévéa émergent comme des alliées inattendues dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est le résultat d’une étude financé par le Fond interprofessionnel pour la recherche et le Conseil agricole (FIRCA).
Les résultats de ce projet novateur intitulé « Évaluation de la capacité de séquestration de carbone par une plantation d’hévéa » ont été dévoilés lors d’un atelier de restitution organisé par l’Apromac et Firca, vendredi 17 novembre 2023 à Grand-Bassam.
Conduit par le Centre national de recherche agronomique (CNRA), le projet visait à évaluer la capacité de séquestration du carbone atmosphérique par différents clones d’hévéa en Côte d’Ivoire. L’étude a également exploré l’influence des zones agropédoclimatiques et de l’âge de l’hévéa sur cette capacité cruciale.
Les résultats, présentés par le Dr Coulibaly Brahima, chef de projet programme forêt et environnement au CNRA, ont révélé que les plantations d’hévéa, couvrant environ 730 000 hectares, sont d’excellents séquestrateurs de carbone dans le pays. « Les hévéas cultivés, tout comme certaines espèces forestières, démontrent une séquestration de carbone très intéressante », a déclaré le Dr Coulibaly Brahima.
N’diaye Oumar, directeur exécutif adjoint de l’organisme en charge du financement de la recherche agricole, s’est félicité des résultats convaincants de cette étude qui vient mettre fin à l’idée préconçue selon laquelle l’hévéa ne contribue pas à la réduction des gaz à effet de serre.« Les chercheurs nous ont démontré que toutes les parties de l’arbre, à savoir les feuilles, le tronc et les racines, ont un haut potentiel de séquestration de carbone, ce qui est quelque chose de très intéressant parce qu’on a longtemps accusé l’hévéa d’être une culture monospécifique qui ne participait pas à la réduction des gaz à effet de serre et nous venons de démontrer que l’hévéa à son potentiel de séquestration de carbone et peut-être à la même hauteur que les plantes d’essences forestières connues pour le reboisement », s’est-il réjoui.
Et de révéler qu’en plus de ses bienfaits environnementaux, l’hévéa offre des avantages économiques. Outre la génération de revenus pour les producteurs et les usiniers, sa capacité de séquestration pourrait ouvrir la voie à l’exploration du marché du carbone, offrant ainsi des opportunités de financement significatives, a expliqué M. N’Diaye. L’Apromac attend avec impatience la finalisation de l’étude pour permettre à la filière de bénéficier du crédit carbone, ce qui pourrait considérablement améliorer les revenus des acteurs du secteur, a souligné Adi Kouamé Isaac, vice-président de l’Apromac.
Issa Nambene Coulibaly